C’est au cours d’une promenade sur les docks que j’achetai l’objet qui devait à jamais transformer ma vie : une énorme dent couverte de gravures étranges. L’homme qui me la vendit en demandait un bon prix, prétextant que ce n’était pas une vulgaire dent de cachalot sculptée, mais une « dent de géant »…
Archibald Léopold Ruthmore
Ainsi débute le récit d’Archibald Leopold Ruthmore dans sa quête du « Pais des Géants ». L’enthousiasme du personnage créé par François Place est communicatif et nous enjoint à le suivre dans son long voyage.
Lecture de jeunesse pour certain·e·s ou découverte plus tardive pour d’autres plus âgé·e·s, l’album « Les Derniers Géants » est à la fois un formidable réservoir d’images oniriques et porte un regard sagace sur notre monde réel, sur son fonctionnement, ses croyances et ses constructions.
Pour notre nouvelle création, nous avons choisi de déployer ce récit dans l’espace de la scène en restant fidèles à l’univers de l’album que nous avons tant aimé l’un et l’autre. Notre Archibald chemine dans un monde de papier, comme si les images, pour faire mieux résonner les mots, s’étaient échappées des pages planes pour s’incarner au spectacle. De jeux d’échelle et jeux d’ombres, de manipulations en projection, nous vous embarquons dans notre lecture, à la découverte du monde des Géants.
Pauline Desmoulières et Tristan Olivier
Metteuse et metteur en scène
Planches de travailet photos
Le fleuve noirJungleRécriminationsIndiamanIndiaman
Par une nuit pluvieuse, au fin fond des Ardennes, Martin Martin doit enterrer son père. Il est alors loin d’imaginer que la découverte d’un carnet manuscrit va l’entraîner dans une quête vertigineuse à travers l’Histoire et les continents…
Un conte moderne…
Le porteur d’histoire s’ouvre de la même manière qu’on plongerait dans un ouvrage merveilleux. Les premiers mots sonnent comme un conte de notre enfance, ils captent notre attention et éveillent instantanément notre curiosité et notre imaginaire. Le spectateur est transporté dans une suite de péripéties à différentes époques, guidé par une récit fleuve qui lui permettra de connaître la fin de l’histoire liant tous ces personnages aux destins que rien ne semble unir.
Des meubles peuplent le décor. Tous ont des portes, des tiroirs, des compartiments, tous ouvrent un chemin vers ailleurs.
Ici, les histoires s’enchâssent les unes dans les autres, et chacune regorge de petits trésors.
Qu’est-ce que l’Histoire?
Mais peut-on comprendre l’Histoire et l’intégrer à notre réalité ? Quelles frontières se dessinent d’une époque à une autre ?
C’est ce questionnement que porte le texte d’Alexis Michalik.
Avec un choix de comédiens restreints campant de nombreux rôles, le public s’interroge sur ce qu’il peut y avoir de permanent à retenir chez l’Homme et son Histoire.
Personnages, suspense et rythme haletant…
Des personnages hauts en couleurs et forts parviennent à nous faire découvrir avec émerveillement les secrets qui peuplent cette Histoire. On découvre ainsi diverses personnalités atypiques et histoires personnelles à travers l’humour mais aussi l’émotion. Dans cette pièce à suspens et au rythme haletant le public voyage d’âge en âge pour en retirer une expérience aussi divertissante que stimulante pour son imaginaire.
Il en vient à connaître le poids et le bienfait qu’implique de porter une histoire.
Germaine TILLION nous dit… est un spectacle créé dans le cadre des commémorations à Plouhinec (56) du 70ème anniversaire de la libération de la poche de Lorient et de l’entrée au Panthéon de Germaine TILLION, regroupées sous l’appellation « Mémoires de 1945 ».
Les associations Maison Germaine TILLION, la Chorale Boeh Er Mor et la compagnie Aparté se sont associées dans le cadre de l’association « Tous en scène » pour présenter un spectacle autour de Germaine TILLION.
Le spectacle propose une alternance de projections, de photos, de citations, de vidéos et de textes entrecoupés d’extraits de l’opérette « Le Verfügbar aux Enfers » écrite clandestinement par Germaine TILLION au camp de concentration de Ravensbrück.
Le spectacle tente de faire résonner les mots de Germaine TILLION pour souligner la force dont elle a fait preuve en proposant le rire comme réponse à la déshumanisation.
Les premières représentations se sont déroulées les 7 et 12 mai 2015 à Plouhinec (56) à l’Espace Calloc’h.
Un jeune Afghan décide d’émigrer en Europe après avoir participé à la défense de sa vallée du Panshir aux côtés du Commandant.
Il voyage en quête du du bonheur des pays à la vie facile…
Récit d’une odyssée avec ses multiples rebondissements. La langue, toujours poétique, renforce le tragique de cette destinée.
Note de mise en scène et scénographie
Cette quête du bonheur est symbolisée par une plaque de tôle qui se transforme et rythme le parcours : elle est tour à tour une cache de camion, un train, une tente de la «jungle» ou une embarcation de fortune… La scénographie brute laisse la place à la lumière et au voyage pour que le spectateur puisse s’imprégner des tableaux poétiques dépeints par André DAVIAUD. La direction d’acteur met en valeur la narration et la poésie du texte à travers des dialogues et monologues prenant corps à deux ou trois comédiens.
Le soleil se lève dans la vallée du Panshir.
Les montagnes sont blanches, elles dressent leurs crocs blêmes pour mordre l’orée de la nuit. Toute une frontière de pics enserre la rivière qui court en bas, dans des contorsions rampantes. Les pentes sont sévères qui se haussent de plus en plus, abandonnant à la vallée un poil vert de bosquets et de prairies.
La vallée encaisse les eaux, dans un long parcours surprenant. Parfois, elle étale sa chair, elle déroule sa plaine comme on étale la pâte sous les pétrissures du poing. Souvent, elle s’étrangle, se contracte, comme pressée entre deux mains. C’est le moule d’un pain étrange, parfois boule et parfois galette, mouillé par l’eau qui court sans cesse, bouillante au printemps, étroite en été et lente dans les froids de l’hiver. La poussière en est la levure, saupoudrant à grands coups de vent la cuisson de ce paysage.
Il a sept ans. Il habite une maison basse gâchée de terre ocre. Il court pieds nus dans les cailloux. Avec d’autres garçons de son âge, il invente des jeux de guerre. Ici, on fait la guerre, contre les Russes venus d’en bas, de Kaboul, de la grande ville, contre d’autres hommes venus des plaines. On lui a dit que ces hommes pâles, qui ne prient jamais, veulent leur prendre leur pays, les forcer à partir loin de la vallée et des montagnes blanches.
Alors, il fait la guerre, avec d’autres garçons de son âge. En portant sur leurs dos des pierres grosses comme des obus. En arrachant à la carcasse d’un char, qui s’est éventré sur la route, un long tube noir. C’est un lance-roquettes. On se poste haut au détour d’un rocher. On vise l’ennemi qui s’avance et on lance avec une force terrible le caillou contre le buisson russe ou l’arbre dont la silhouette simule un homme. Le bloc de pierre fait sa courbe, tourbillonne dans l’air sec et va frapper le tronc qui tremble.
On peut crier alors, à travers la vallée, comme on l’a vu faire aux combattants. Et les parois renvoient l’écho de ces cris de victoire. On apprend ainsi les manœuvres, et les guerres qu’on mènera, quand on sera grand, à seize ans.
Faut-il vendre son âme au diable pour obtenir un peu de bien-être matériel?
Librement adaptée par Annette Béguin d’après l’oeuvre de Gottfried Keller, le petit chat Miroir est une comédie parodique où l’on retrouve le thème de Faust, traité sur le mode comique.
Le diable laisse sa place à un sorcier municipal à la recherche de graisse de chat pour ses sorcelleries. Le signataire du pacte est un matou du nom de Miroir qui promet au sorcier sa graisse en échange de nourriture abondante et d’un toit. Miroir jouit de sa nouvelle situation, mais le moment de payer approche…
Ne soyons pas trop inquiets cependant. Le petit chat Miroir ressemble plus à Scapin qu’au Docteur Faust.
Quelle ruse va-t-il déployer pour se sortir du mauvais pas où il s’est jeté?
Note de mise en scène
Un vieux grenier, une malle véritable coffre au trésor qui le temps d’un conte va donner vie aux personnages du « petit chat Miroir ».
Dans ce spectacle bouillonnant, les références aux « Fourberies de Scapin », au « Marchand de Venise » ou au mythe de « Faust » côtoient les clins d’œil plus contemporains à la manière de la Commedia Dell’arte, dans un tourbillon d’énergie et de bonne humeur.
Le petit chat Miroir se veut un spectacle accessible et adapté pour la découverte du genre théâtral. Un conte ou Molière n’est jamais bien loin au travers notamment de la relation maitre valet, des manigances de Miroir ou du dénouement final.
INCENDIES de Wajdi Mouawad est le premier spectacle de la compagnie Aparté.
Résumé
À la lecture du testament de leur mère Nawal par le notaire Lebel, des jumeaux se voient confier la mission de retrouver un frère et un père dont ils ignoraient l’existence. Commence alors un formidable périple sur les terres de leurs origines entre haine féroce et amour impossible, guerre et paix, incendies et pluie torrentielle.
Note de mise en scène
Une malle, symbole du périple des jumeaux, une malle dans laquelle enfouir au plus profond de soi ses souvenirs, une malle où fouiller pour y découvrir ses origines, pour se construire, commencer à exister.
Tour à tour chaises, bureau, tombes ou pupitres, les malles se transforment, soutiennent Jeanne et Simon dans leur quête inexorable, comme si elles renfermaient en elles le secret de leur identité.
Dépouillée la scénographie de Pauline DESMOULIERES laisse libre place à l’imaginaire du spectateur. Des images pour découvrir un pays en guerre que l’on ne nomme pas, pour accompagner les jumeaux dans ce voyage initiatique.
Incendies est une quête, une enquête, une course effrénée qui emporte Jeanne et Simon vers leur vérité. L’urgence permanente est soulignée par la direction d’acteur, la lumière, la musique, la tension qui s’emballe jusqu’à l’apaisement.
En pointillé, la mise en scène au service d’un texte magistral laisse la pleine mesure à l’expression du lyrisme emprunt d’horreur et d’humanité de Wajdi Mouawad.